lundi 1 septembre 2025
Transition agricole : 8 projets reçoivent un « coup de pousse »
Fin 2024, La Fondation AgroParisTech et Coup de pousse s’associent et lancent l’appel à candidatures « Coup de pousse pour la transition agricole » afin de soutenir des projets reconnectant la fourche et la fourchette.
En 2025, deux éditions de l’appel à candidatures ont abouti à la sélection et au soutien de 8 projets agricoles partout en France. Ces initiatives s’attachent à répondre aux défis du changement global (biodiversité, climat, alimentation, énergie, etc.) et à en limiter les impacts écologiques, sociaux et économiques, en développant des pratiques plus durables et des systèmes de production plus résilients.
Les lauréats bénéficient d’une aide financière, d’un accompagnement de la Fondation AgroParisTech et de Coup de pousse ainsi que d’une visibilité auprès de sa communauté engagée autour de l’agriculture durable, notamment grâce à son dispositif de titre-restaurant.
Lait et Vilaine – Valoriser un lait bio local, autonome et engagé
David Jouault
Ille-et-Vilaine, région Bretagne
1 500 euros
Face à une crise de la filière du lait biologique, avec 50 % des fermes du projet qui seront en arrêt de collecte ces prochains mois, un collectif de quatre fermes d’Ille-et-Vilaine s’est uni, avec un objectif clair : redonner de la valeur à un lait respectueux de l’environnement, de la santé et du territoire. Sa richesse nutritionnelle, notamment sa teneur en oméga 3, et son mode de production durable en font un produit d’exception. S’appuyant sur un cahier des charges exigeant, 95 % de l’alimentation des vaches produite au sein des fermes, troupeaux diversifiés avec au moins trois races, pâturage tournant dynamique, biodiversité et haies…, le collectif souhaite sensibiliser les consommateurs et construire un débouché pérenne. L’objectif à plus long terme est de convaincre un maximum d’agriculteurs d’adopter ce cahier des charges ambitieux. Soutenu par la Fondation AgroParisTech, ce projet s’inscrit dans une logique de résilience agricole, de proximité et de transition. Il constitue une première étape concrète vers la création d’une gamme de produits laitiers transformés à forte valeur ajoutée.
La forêt nous régale
Mathieu Plot, Association HEBDO ECOLO
Dinan, région Bretagne
1 000 euros
La Forêt nous Régale est un projet innovant d’agroforesterie et de sensibilisation environnementale, implanté en Bretagne sur un sol acide avec un climat océanique. Il vise à développer une forêt comestible en intégrant des pratiques respectueuses de la biodiversité et du cycle du carbone. Porté par une dynamique collective, ce projet associe recherche participative, production agroécologique et transmission des savoirs. Il s’appuie sur une gouvernance ouverte impliquant chercheurs, citoyens et acteurs locaux. Les activités comprennent la plantation d’arbres et d’arbustes adaptés au territoire, la recherche sur les potentiels de transformation des productions, ainsi que l’organisation d’ateliers pédagogiques sur l’agroécologie, la résilience alimentaire, l’alimentation et la santé, l’observation nature (initiation au dessin botanique, photographie animalière) etc. Un suivi scientifique permettra d’évaluer l’évolution de la biodiversité et du stockage carbone. Soutenu par un financement participatif, avec plus de 500 contributeurs, et des organismes publics, des collaborations avec des structures locales, le projet s’inscrit dans une démarche d’intérêt général, favorisant l’éducation à l’environnement et une agriculture biologique durable. L’objectif est de créer un écosystème nourricier et pédagogique à propos des forêts comestibles pour la résilience alimentaire, artisanale, et de subsistance des territoires.
Luthopie
Pierre Marchal, Association Luthopie
Viterne, région Grand Est
1 000 euros
Lucie, Thomas et Pierre, trois ingénieurs, ont choisi de mixer leurs compétences et leurs trois prénoms afin de créer Luthopie. Luthopie est avant tout une ferme située à Viterne, au sud de Nancy, où l’on retrouve un élevage bovin (vache de race Angus), des cultures de céréales et des légumes diversifiés. Mais c’est aussi une association (future coopérative) où vous pourrez, d’ici l’été 2025, venir faire vos courses, partager un verre lors des guinguettes estivales et pourquoi pas prolonger l’expérience Luthopie en vous ressourçant dans les hébergements insolites prévus pour 2026/2027. Luthopie c’est retrouver du lien :
- Lien avec une nourriture saine et produite localement, en toute transparence grâce aux visites de la ferme.
- Lien social, avec une nouvelle façon de faire ses courses dans un lieu unique mêlant épicerie locale, guinguette estivale et événements culturels divers.
- Lien avec la nature, à travers des chantiers participatifs au maraichage, la plantation de haies et de vergers, des balades botaniques et des immersions au milieu de la ferme pour petits et grands.
Poules pondeuses en agroforesterie
Nicolas Revol, Ferme de Gisy
Bièvres, région Île-de-France
1 000 euros
La Ferme de Gisy souhaite initier la plantation d’un verger de 1,5 hectare qui sera le terrain de jeu de 250 poules pondeuses en poulaillers mobiles. Ce projet vise à :
- Enrichir naturellement les sols : les poules enrichiront le sol du verger avec leurs déjections, réduisant ainsi le besoin en fertilisants externes.
- Valoriser les ressources internes : le fumier des poulaillers sera utilisé pour fertiliser les légumes, bouclant le cycle de fertilité sur la ferme.
- Réduire les pertes : les légumes invendus nourriront les poules, limitant ainsi le gaspillage alimentaire.
Ces objectifs s’inscrivent dans une démarche agroécologique qui vise à créer un système intégré où chaque élément du projet renforce l’autre. En diversifiant sa production avec des œufs et des fruits, la ferme de Gisy améliorera aussi la résilience économique de la ferme face aux aléas climatiques et aux fluctuations des marchés.
L’Autre Champ
Agathe Petiot, Association L’Autre Champ
Villetaneuse, région Ile-de-France
900 euros
Le projet vise à diversifier les manières de se familiariser avec les enjeux de biodiversité et de nature en ville auprès d’un public d’enfants et d’adultes. Cela passe par des pratiques agroécologiques visant à maintenir la biodiversité cultivée dans le jardin, l’usage des plantes pour se nourrir et se soigner, ou encore les pratiques agricoles en lien avec la faune et la flore. L’objectif est de valoriser la connaissance et la compréhension des interactions complexes avec le monde vivant, et ce même au cœur de la ville. Le projet consistera en une programmation d’activités hebdomadaires pendant la saison estivale, de juin à octobre 2025. L’Autre Champ est une association active dans l’animation socioculturelle de la commune de Villetaneuse et des villes environnantes autour des questions d’agroécologie, d’agriculture urbaine et d’écologie populaire. Une part importante de son activité consiste au développement de dynamiques collectives autour de pratiques agroécologiques comme vecteur de lien social et d’autonomie : accompagnement pédagogique de la graine à la récolte, autoproduction de semences, transformation d’espaces urbains en zones de jardinage et de biodiversité en ville, sensibilisation sur les vertus médicinales des plantes, distribution alimentaire issus de récupération de produits frais etc. Son autre champ d’activité se situe autour de la promotion d’un cinéma de qualité auprès des habitants, notamment en organisant des cycles de projections en intérieur comme en plein air.
Les salaisons de l’aubépine
Mary-Anne Bassoleil, Ferme de l’aubépine
Belle-Ile-en-Mer, région Bretagne
650 euros
Dans le cadre d’une installation agricole en élevage plein air sur Belle-Île-en-Mer, le projet « Les salaisons de l’aubépine » a pour objectif de proposer une gamme de salaisons issues de l’élevage à partir de 2026. Il s’agit d’un moyen de diversifier les produits proposés par la ferme et de contribuer à améliorer l’autonomie alimentaire de l’île, sur laquelle 95 % de l’alimentation est aujourd’hui importée par bateau depuis le continent. Le travail sur des salaisons (saucisses sèches, saucissons) permettra de mettre en valeur la qualité de la viande produite sur l’élevage. Les animaux, de race rustique, sont élevés en plein air intégral, avec accès à un parcours diversifié et arboré et en petit effectif afin de ne pas porter atteinte à l’environnement local. Ce projet d’élevage est né de la volonté de valoriser des espaces enfrichés, présents en grand nombre sur l’île suite à la déprise agricole concomitante à l’essor du tourisme, tout en participant au redéploiement d’une agriculture nourricière. L’ensemble des produits issus de l’élevage seront commercialisés sur l’île, en circuits ultra-courts puisque tous les éléments de la chaîne logistique (abattoir, atelier de transformation, lieux de vente) se situent dans un rayon de 10 km par rapport à la ferme.
Un poulailler pour la Terre Ferme
Enis Gharbi, La Terre Ferme
Aubagne, région Provence-Alpes-Côte d’Azur
600 euros
Un poulailler pour La Terre Ferme est un projet d’une ferme à taille humaine avec notamment la mise en place d’un élevage de poules en agriculture biologique. Le projet se construit dans le cadre d’une installation en tant que jeune agriculteur, et a pour objectif de contribuer au développement d’une alimentation saine et locale. La ferme s’articule autour de plusieurs ateliers : production d’huile d’olive en collaboration avec un ESAT (structure permettant la réinsertion de personnes en situation de handicap), production légumière et production d’œufs (et potentiellement de poulet de chair). Ces différents ateliers permettent des synergies : les poules apportent du fumier, les légumes abîmés ou non vendables sont donnés en complément aux poules, et les arbres complètent le système agroforestier. Les circuits de commercialisation privilégiés sont la vente directe, via des AMAPs et des marchés de producteurs. L’ensemble des productions a vocation a être certifié en Agriculture Biologique. Des chantiers sont également organisés avec des associations pour renforcer les liens entre consommateurs et agriculteurs. Ce projet bénéficie également du soutient de l’ADEAR, association d’installation paysanne, de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et de Terre de Liens.
Relocalien
Benjamin Vincent
Beaumont de Lomagne, Région Occitanie
500 euros
Cette initiative vise à structurer une dynamique collective autour de la culture du miscanthus sur le territoire de Beaumont-de-Lomagne, avec un premier débouché identifié : l’alimentation en biomasse de la chaufferie du collège local. En mobilisant des agriculteurs et des acteurs du secteur autour d’un projet concret, Relocalien engage une démarche de territoire qui allie diversification agricole, relocalisation des usages et protection des ressources naturelles. Le miscanthus, en tant que culture pérenne à bas niveau d’intrants, constitue une réponse adaptée pour sécuriser les aires d’alimentation de captage de la Gimone, tout en offrant aux agriculteurs une opportunité de transition. Ce projet marque le démarrage d’un travail collectif ambitieux, pensé pour évoluer vers d’autres débouchés locaux, notamment en litière animale et paillage horticole, et inspirer des dynamiques similaires sur d’autres zones à enjeux.
Félicitations aux 8 porteurs de projets lauréats pour leur engagement ! Rendez-vous fin 2025 pour la prochaine édition.
Un mot sur notre partenaire :
Coup de pousse, la carte qui révolutionne le titre-restaurant pour en faire un engagement en faveur de l’agriculture durable.
Coup de Pousse n’est pas qu’une carte-restaurant : c’est un outil qui transforme un avantage salarié en un levier de transition agricole et alimentaire.
Créée en 2023, notre initiative est née d’une conviction forte : reconnecter les consommateurs à celles et ceux qui cultivent notre alimentation et bâtir une communauté engagée autour de l’agriculture durable.
Avec Coup de Pousse, chaque repas devient un acte concret en faveur du vivant. Un acte qui soutient les fermes, qui fait vivre de nouvelles pratiques agricoles et qui redonne de la force à nos territoires. C’est aussi l’occasion d’ouvrir la discussion : entre collègues, entre entreprises et salariés, entre citoyens. Parce que parler d’alimentation, c’est parler de ce qui nous relie tous. Et, au quotidien, c’est un choix simple : privilégier des produits plus locaux, plus responsables et plus durables.
Notre ambition est claire : faire du titre-restaurant un accélérateur de changement, pour que chaque euro dépensé dans nos assiettes soutienne directement les agriculteurs.
Pour en savoir plus : https://www.coupdepousse.com/