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lundi 7 décembre 2020

Le champ des femmes : à la rencontre des agricultrices péruviennes

 

Philippine Dupé, lauréate 2020 de l’initiative S’engager ! de la fondation AgroParisTech

 

Lors de son année de césure, Philippine Dupé a voyagé à la rencontre d’agricultrices au Pérou et en France, pour comprendre leur quotidien et sensibiliser le grand public à l’importance de la place des femmes dans l’agriculture.

 

 

Qui est Philippine et pourquoi ce projet engagé ?

Philippine Dupé est élève en 3ème année à APT en spécialité DEV (développement agricole). En 2020 , elle profite d’une année de césure pour imaginer le projet « Le champ des femmes. » Son objectif était de rencontrer des femmes agricultrices et partager leur quotidien pour mieux le comprendre.

Elle choisit donc comme destination le Pérou. Elle contacte ensuite des ONG françaises qui la mettent en contact avec des ONG péruviennes. Deux étudiantes de l’ENSAT, enthousiasmées par le projet rejoignent Philippine. La crise sanitaire a certes perturbé le projet mais leur motivation a permis au voyage d’avoir lieu de mai à juillet 2020.

 

Première escale pour les trois étudiantes, Lima, la capitale péruvienne.  Elles y ont rencontré des femmes travaillant dans des jardins partagés dans des quartiers populaires. Les jardins partagés ont un rôle social fort pour ces communautés. En effet, c’est le seul endroit où ces femmes peuvent se retrouver, discuter, sans avoir à s’occuper des enfants ou de leur foyer. Le machisme est en effet bien plus persistant au Pérou qu’en France et les lieux où les femmes peuvent réellement s’épanouir sont rares.

Les jeunes femmes devaient normalement poursuivre leur voyage au sein d’une coopérative de café à Pichanaki puis au sein d’une coopérative de cacao. Ces coopératives étaient gérées par des femmes et employaient une vingtaine de salariées. Elles n’ont malheureusement pas pu y aller à cause de la situation sanitaire.

De retour en France, elles ont alors visité des exploitations de petite taille en agriculture biologique gérées par des femmes dans les Pyrénées et dans le Gers.

Afin de continuer à faire vivre ce projet engagé, elles lancent une exposition photo. La photographie invite à le découverte tout en transmettant les émotions des instants photographiés.

 

Une envie forte de s’engager pour défendre la cause des agricultrices :

Les trois participantes au voyage avaient chacune des motivations personnelles.

En ce qui concerne Philippine, qui n’était pas issue du monde agricole, elle avait envie de découvrir ce milieu. Grâce à son parcours en école d’agronomie, elle avait déjà le sentiment d’avoir beaucoup appris sur l’agriculture. Elle voulait également informer le grand public sur les enjeux actuels en agriculture, qui sont souvent méconnus.

Par ailleurs, elle voulait remettre au centre des représentations les modèles d’agricultrices trop souvent ignorées au détriment des modèles masculins (dans les livres ou les cours par exemple). En effet, Philippine insiste sur le rôle indispensable des femmes en agriculture. Elles représentent ¼ des chefs d’exploitations en France et réalisent 60 % de la production alimentaire dans le monde.

 

 

Une expérience enrichissante et qui « fait mûrir » :  

Lorsque l’on est étudiant, notre vision du travail d’agriculteur peut être parfois idéalisée. En vivant avec ces femmes, Philippine a pu retrouver une vision plus juste du métier d’agriculteur. De plus, elle a beaucoup appris sur l’agriculture et a pu s’ouvrir à de nouvelles cultures. La question de la place des femmes dans l’agriculture étant un sujet très vaste, les étudiantes n’ont abordé que certains aspects de la question. Philippine continue de se poser de nombreuses questions après son voyage et envisage de poursuivre ce sujet avec une thèse.

Le partage de leur vie quotidienne avec ces femmes agricultrices a été une expérience de vie très forte et instructrice pour la suite de leur parcours. De leur côté, les femmes agricultrices souvent isolées ont trouvé le temps d’un instant compagnie et reconnaissance.

 

Le soutien de la Fondation :

La Fondation a accompagné Philippine dans la réalisation de son projet. Tout d’abord la Fondation l’a aidée à élaborer et à planifier son voyage. De plus, après avoir rempli un dossier pour le jury S’engager !, elle a reçu un soutien financer de 1 500 € pour financer une partie du voyage.

Après le voyage, la Fondation a sollicité les étudiantes plusieurs fois pour faire connaître et mettre en valeur leur projet, notamment avec des vidéos destinées à la communauté de la Fondation et d’AgroParisTech plus globalement. Philippine raconte que ça l’a beaucoup aidé à mettre des mots sur leur projet et à communiquer.

 

Le projet Le champ des femmes aujourd’hui :

Les trois étudiantes ont réussi, malgré le Covid19, à exposer leurs photos lors de quelques festivals, mais attendent la fin du confinement pour poursuivre leurs expositions (notamment au festival écoféministe « Après la pluie »). En ce moment, elles exposent leurs photos dans la résidence d’AgroParisTech du Kremlin-Bicêtre.

Philippine a repris l’association Paroles de paysans. En prenant la relève, elle a apporté à l’association une vision des femmes et peut-être que les prochains césuriens d’AgroParisTech continueront sur cette voie.

 

Pour plus d’informations sur ce projet, rendez-vous sur leur page Facebook ou sur leur site.