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vendredi 5 juin 2020

La bourse Ferenc Semptey pour encourager les jeunes talents dans la nutrition et les productions animales

Cette bourse a pour objectifs de promouvoir le secteur de la Nutrition Animale et développer les filières des Productions Animales mais aussi de rendre hommage à Ferenc Semptey, ingénieur agronome d’origine hongroise ayant fui le régime communiste et qui a réalisé toute sa carrière en Alimentation Animale. Depuis dix ans, la bourse Ferenc Semptey est décernée aux jeunes talents AgroParisTech, en stage de fin d’études dans les domaines de la nutrition et des productions animales. Les lauréats bénéficient d’une aide financière et de l’accompagnement de professionnels du secteur.

 

Quelques mots sur Claire Raynal, la lauréate de cette année

Cette année, c’est Claire Raynal, étudiante en dernière année d’école d’ingénieur, au sein de l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnent (AgroParisTech), spécialité Élevages et filières Durables et iNnovants (EDEN) qui a obtenu la Bourse Ferenc Semptey pour son projet de stage de fin d’étude sur « Mettre en œuvre des synergies entre grandes cultures et élevage ovin ». Elle partage avec nous son projet.

 

 

Mettre en œuvre des synergies entre grandes cultures et élevage ovin 

« La zone participant à l’étude de la mise en place d’une coopération entre grandes cultures et élevage se situe au sein du territoire de la coopérative Océalia. Cette zone historiquement en polyculture-élevage est de nos jours un espace très spécialisé en céréaliculture, et ce en particulier depuis deux générations. En effet, l’élevage y a été progressivement abandonné depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 2000. Encore aujourd’hui, des cessations d’ateliers spécialisés dans les productions animales y ont lieu. Par conséquent, l’ensemble des terres agricoles présentes sont essentiellement utilisées pour les grandes cultures et les surfaces en herbe pour permettre le pâturage des animaux sont en faible proportion. Le stage doit permettre l’accomplissement d’enjeux qui sont (1) la conception et l’installation des nouveaux ateliers ovins en zone céréalière, pour les départements de la Charente, de la Charente-Maritime, des Deux Sèvres ainsi que de la Vienne, (2) la définition d’un modèle économique durable et robuste pour les parties prenantes et (3) le maintien de l’élevage dans les zones de « céréalisation », comme l’ex-région Limousin, ceci tout en accompagnant l’évolution des attentes des agriculteurs. »

Tout d’abord, le projet permettrait de valoriser les intercultures, avec le pâturage des couverts végétaux mis en place par les céréaliers. Ils profiteraient également de la présence des ovins dans leurs parcelles en raison de leurs passages réguliers qui rendent l’entretien des terres plus faciles : diminution des produits phytosanitaires comme les engrais, baisse des dépenses de broyage permise avec la restitution des matières organiques par les ovins. Il est également profitable aux éleveurs dans la mesure où ils bénéficieraient d’un plus grand nombre de parcelles, d’une surface plus importante pour paître leurs troupeaux, ce qui réduirait par la même occasion la pression parasitaire sur les animaux. Enfin, l’installation de nouveaux troupeaux ovins permettrait d’avoir de nouveaux volumes à abattre, ce qui est intéressant pour les acteurs de l’aval, avec notamment des abattoirs et des ateliers de découpe qui sont présents sur le territoire de la coopérative. 

 

Entretien avec Claire Raynal 

 

Pourquoi une synergie entre grandes cultures et élevage ?

« J’ai choisi la spécialisation EDEN mais c’est vrai qu’au départ j’ai toujours apprécié l’agronomie. C’est aussi l’occasion pour moi de me reconnecter avec ce qui est végétal que j’ai moins abordé durant ma dernière année. J’aimerais donc réassocier ces deux volets qui vont bien ensemble. Ce sera également l’occasion de mettre en place des pratiques innovantes. » 

 

Pourquoi les moutons ?

« Il est vrai que j’ai davantage de familiarité/proximité avec les bovins, mais je dois avouer que le choix s’est plutôt imposé. Je préfère les bovins, mais le pâturage itinérant est plus facile à mettre en place avec les moutons sur des surfaces céréalières. D’autant plus que la coopérative essaie de redynamiser la filière ovine. »

 

La pandémie actuelle a-t-elle eu un impact négatif sur le bon déroulement de votre stage ? Si oui, de quelle manière ?

« Avec le confinement, je n’ai malheureusement pas pu aller sur le terrain et voir les différents acteurs. Le premier impact, si je puis dire, négatif, est bien sûr la réduction du temps sur le terrain. Aller sur le terrain m’aurait normalement permis de développer mes outils à partir des constats faits. Mais là, je devais devoir faire les choses dans le sens inverse, c’est-à-dire développer des hypothèses et vérifier si ça colle avec la réalité des acteurs. J’ai de la bibliographie à faire ainsi qu’un important travail d’écriture. La pandémie n’a certainement pas fait baisser ma masse de travail ! Par ailleurs, la pandémie actuelle permet de réfléchir sur l’avenir de l’autonomie alimentaire, de l’innovation, de la production et de l’autonomie des territoires. Elle pose bien évidemment des questions d’agroécologie et met un accent fort sur la consommation locale avec notamment des outils de transformation locaux. »

 

Quelles sont les valeurs que vous pensez primordiales pour mener à bien les missions qui vous sont confiées ?

« Les personnes que je côtoie dans le cadre de mon stage savent bien évidemment plus de choses que moi. Elles ont une expérience du terrain et des connaissances que je n’ai pas encore. Par conséquent, je me dois avant tout d’apprendre d’eux, ce qui sous-entend donc une approche humble et motivée par la soif d’apprendre. Cela demande également une grande ouverture d’esprit, car il faut à la fois comprendre le fonctionnement agronomique que celui des personnes pour mettre en place un tel projet. Ensuite, il y a la communication, qui se trouve un peu à la croisée des chemins entre valeur et compétence. Quoi qu’il en soit, elle est plus que nécessaire car il va falloir faire dialoguer céréaliers et éleveurs, ce qui n’est pas forcément évident au départ. J’ai la chance d’avoir deux maitres de stage, l’un en production alimentaire et l’autre en production animale. Je suis plutôt bien partie ! Je trouve très intéressant de croiser ces deux mondes. Par contre il faudra être très créative et aller chercher ce qui se fait ailleurs dans d’autres projets similaires. »

 

En savoir plus sur la bourse Ferenc Semptey